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Indicateurs du bien-vivre au Forum international pour le bien-vivre de Grenoble

indicateurs du bien-vivre

Atelier organisé par la Fabrique Spinoza sur la loi PACTE ; Crédits photos : Alain Fisher, Ville de Grenoble

 

Le Forum du 6, 7 et 8 juin à Grenoble a rassemblé de nombreux acteurs autour d’une question : Qu’est-ce que le « bien-vivre » ? A quoi l’associe-t-on : à une bonne alimentation, une bonne forme physique, un travail qui a du sens, une vie sociale et culturelle riche, un certain sentiment de sécurité? Qu’est ce qui compte pour nous? Et qui est-ce qui compte pour nous?

Le sous-titre du forum étant : « Richesse, bonheur : quels indicateurs pour inventer demain ? », la thématique nous intéressait particulièrement. Nous en avons profité pour mettre à l’épreuve une version 1 de nos indicateurs lors d’un atelier participatif et découvrir les indicateurs et les méthodes employées par d’autres chercheurs et acteurs de terrain. Cette première édition fut une belle occasion pour nous de découvrir les réflexions et actions qui étaient menées de par le monde à ce sujet .

Ce sont donc 3 jours très riches qui ont débuté par un rappel des objectifs généraux de ce forum :

– Créer des réseaux d’acteurs de la société civile, à 2 niveaux d’échelle : local et global

– Construire un imaginaire collectif et définir des indicateurs qui mesureront et orienteront nos avancées

– Offrir à chacun la liberté de contribuer

En effet, le forum était ouvert à tous et a rassemblé une grande diversité d’intervenants, nationaux et internationaux, du secteur privé, public et associatif. Associés à un colloque scientifique, de nombreux ateliers prenant des formes très variées ; table ronde, world café, conférence-débat, marche d’accroche, et bien d’autres ont permis le partage d’expérience. Tous centrés autour d’une réflexion générale : la question des indicateurs et de la mesure du bien-vivre. Car les chiffres, loin d’être neutres, façonnent nos représentations et orientent nos décisions. Les organisateurs de ce forum l’avaient bien compris et proposaient un focus sur les indicateurs du bien-vivre. Des indicateurs qui permettent à la fois de connaître la situation actuelle selon des critères choisis mais aussi de se projeter vers celle vers laquelle nous souhaitons tendre, amorçant ainsi le passage de l’idée à l’action.

Nous avons écouté Florence Jany-Catrice, économiste à l’université de Lille, parler d’ « éthique du chiffre » et suggérer qu’il est possible de compter autrement, en allant chercher tout le monde pour co-construire des indicateurs qui ont du sens. Il faut pour cela faire preuve de souplesse et laisser place à l’expérimentation, ouvrir l’imaginaire et arrêter l’injonction à la comparabilité (les indicateurs peuvent être différents d’un territoire à l’autre et cela semble logique). La méthode SPIRAL employée par plusieurs chercheurs nous a également beaucoup inspirés pour faire évoluer nos propres indicateurs dont 2 sur 7 seront construits de façon participative, à partir des problématiques émergentes dans chaque territoire.

Enfin, de nombreux acteurs ont insisté sur l’intérêt de poser des limites à notre volonté de tout mesurer pour ne pas se perdre dans les chiffres et laisser place à l’action !
C’est ce qui s’est passé à Toulouse, à Grenoble, en Allemagne, au Québec, au Bhoutan, ou encore en Equateur et en Bolivie où des projets sont nés autour du bien-vivre, prenant parfois une telle ampleur que ces deux derniers pays finiront par inscrire le « Buen vivir » dans leur constitution. Pablo Solon, homme politique bolivien et activiste dans le domaine social et de la nature était là pour nous en parler. Reconnaissant les aspects positifs de cette avancée, il s’est surtout attardé sur les risques liés à l’institutionnalisation d’une notion aussi large et plurielle que le « Buen vivir » qui selon lui a perdu de son sens lorsqu’elle a été reprise par le gouvernement. Ce concept d’une « vie harmonieuse », de « savoir vivre » ou encore, de « vivre en plénitude » a subi une traduction réductrice et s’apparente désormais au développement. Son retour d’expérience nous rappelle que le bien-vivre se construit sur le long terme et ensemble. Il ne peut y avoir de « responsable » du bien-vivre, chacun de nous doit l’être à sa manière, mais encore faut-il être en capacité d’y participer.

C’était l’objet de notre atelier, basé sur les recherches de Cécile Ezvan, docteure en philosophie économique, avec laquelle nous travaillons sur la création d’indicateurs pour évaluer nos projets de bien-vivre. A partir de l’approche des capacités d’Amartya Sen, qui les décrit comme « ce qu’une personne peut choisir d’être et de faire » (Sen, 1988), elle se demande comment « mieux protéger les capacités des plus vulnérables et des périphéries ». En effet, de nombreux travaux de recherche montrent que de trop fortes inégalités contribuent à détruire les liens sociaux et l’environnement… Ces questions renvoient aussi à la notion de pouvoir d’agir car le fait de co-construire joue non seulement un rôle d’empowerment mais sert aussi de « garde-fou » aux dérives possibles. L’atelier visait à faire réagir les participants à nos indicateurs de bien-vivre à partir des expériences de terrain qu’ils avaient pu rencontrer. Les échanges avec les participants ont été fructueux et nous ont aidé à faire évoluer nos indicateurs vers des méthodes plus participatives.

 

Nous remercions Grenoble‑Alpes Métropole, la Ville de Grenoble, la communauté universitaire Grenoble‑Alpes, l’association CCFD‑Terre Solidaire et le réseau FAIR pour l’organisation de cet événement et espérons que cette belle dynamique se poursuivra.

 

Camille Morel et Sandrine Tobie

 

Références :

Forum international pour le bien-vivre de Grenoble de 2018, https://bienvivre2018.org/

Synthèse des travaux lors du Forum international pour le bien-vivre de Grenoble de 2018, https://bienvivre2018.org/wp-content/uploads/2018/11/Restitution-BV2018_web.pdf

POULAIN Sebastien, « Capabilités de Amartya Sen : une source d’inspiration majeure pour Crois-sens », crois-sens.org, 7 novembre 2018, http://crois-sens.org/2018/11/07/capabilites-amartya-sen/

BRENGUIER Agathe et MOREL Camille, « Expérimentation innovante en matière de santé et nutrition à Mirecourt », bien-vivre-maintenant.fr, 19 novembre 2018, https://bien-vivre-maintenant.fr/territoires/grand-est/mirecourt/experimentation-innovante/

BRENGUIER Agathe, « Le Festival Utopic & Co 2018 célèbre sur le bien-vivre sur le territoire de Mirecourt(-Dompaire) et ses alentours », crois-sens.org, 5 octobre 2018, http://crois-sens.org/2018/10/05/le-festival-utopic-co-2018-celebre-sur-le-bien-vivre-sur-le-territoire-de-mirecourt-dompaire-et-ses-alentours/

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