Bien-vivre doctoral : des ateliers sur la vie sociale et le logement des doctorant.e.s à Nancy

Bien-vivre doctoral

Le 18 avril 2018 en début de soirée, à Nancy au sein de l’Université de Lorraine, Anne Vicente et Dr Sebastien Poulain ont organisé des ateliers de brainstorming sur le « bien-vivre doctoral ». Les ateliers, dont il est question dans le présent compte-rendu, concernent la vie sociale et le logement des doctorant.e.s.

Parmi les participants, il y avait deux doctorants en droit, une doctorante en sciences agronomiques et un doctorant en géosciences.

 

Le premier atelier sur le bien-vivre doctoral était intitulé « C’est pas moi, c’est les autres ! Comment améliorer la vie sociale des doctorant.e.s ? ». Les questions posées étaient :

  • Quels sont les effets du passage de la vie étudiante en master à la vie doctorale en ce qui concerne la vie sociale ?
  • La thèse empêche-t-elle de conserver ou de développer une vie sociale ?
  • Dans quel type de situation les doctorant.e.s peuvent éventuellement se sentir isolé.e.s ?
  • Peut-on faire une distinction entre les doctorant.e.s en lettres, langues, art, philosophie, sciences humaines et sociales et les doctorant.e.s d’autres disciplines ?
  • Quelle est l’utilité de se socialiser lorsqu’on fait une thèse ?
  • Quelles sont les possibilités de se socialiser lorsqu’on est doctorant.e ?
  • Quelles actions faudrait-il mettre en place pour créer davantage de vie sociale?

 

Le 2ème atelier sur le bien-vivre doctoral était intitulé « Mi casa es tu casa ! Comment améliorer le logement des doctorant.e.s ? Comment améliorer le logement des doctorant.e.s ? ». Les questions posées étaient :

 

  • Quelles sont limites des logements habituels (étudiants, colocation…) ?
  • Veut-on un logement plus confortable lorsqu’on est doctorant-e ?
  • De quoi a-t-on besoin pour se sentir bien ?
  • Qu’est ce qui permet de bonne condition de vie dans un logement ?
  • Qu’est ce qui permet de bonne condition de travail dans un logement ?
  • Quels services manquent-ils dans les logements habituels ?
  • Quel budget peut-on mettre dans un logement lorsqu’on est doctorant.e ?
  • Qu’est-ce qui peut pousser à payer un logement plus cher ?
  • Qu’est-ce qui peut pousser à payer un logement moins cher ?
  • Qu’est-ce que l’on peut mettre en commun tout en gardant une vie intime/privée ?

 

 

Ce qui ressort de l’atelier sur le bien-vivre doctoral :

 

Deux besoins – la communication et la socialisation – ressortent particulièrement des ateliers pour le bien-vivre doctoral :

 

– Les deux ateliers font ressortir un vrai besoin de communication des doctorant.e.s. Les doctorant.e.s ne se connaissent pas, ne se parlent pas, et donc ne se rencontrent pas. Les universités et universitaires font en sorte que des doctorant.e.s ne puissent pas se regrouper pour autre chose que de la recherche. Les laboratoires ne diffusent que des informations sur la recherche. Les écoles doctorales ne donnent pas les listes des mails des doctorant.e.s en leur sein. Seules les associations de doctorant.e.s s’occupent de ce qui est hors recherche. Mais elles peinent à mobiliser. Les doctorant.e.s sont peu informés sur ce qui se passe autour d’eux : abandons de thèse, suicide… Il y a beaucoup de cloisonnements, rétention d’information, silos et peu de relais. Il faut passer par des secrétariats pour diffuser des informations.

 

– Les deux ateliers font ressortir un vrai besoin de socialisation des doctorant.e.s entre eux-elles mais aussi avec les étudiant.e.s en master 2 avec qui il n’y a pas de collaboration et de projet commun. Les doctorant.e.s n’ont pas de stratégie de réseau à long terme, comme dans les grandes écoles. Ils développent peu de réseau en dehors de la recherche (sauf un doctorant en droit qui fait de la politique et du journalisme) et privilégient les rencontres et collaborations avec chercheurs et chercheuses aux non académiques (tout en ayant peu de relations avec les chercheurs et chercheuses en poste, du moins chez les doctorant.e.s en sciences « humaines »). A Metz, il y a 3 sites/campus. A Nancy, il y en a 4. Cela ne facilite pas la socialisation et donc le bien-vivre doctoral. Certain-e-s doctorant.e.s, comme les gestionnaires, n’ont pas de bureau. Il y a une tension entre la volonté de se socialiser, qui peut prendre du temps (à l’image des Doctoriales : une semaine à travailler ensemble en huit clos), et la volonté d’avancer sur leur thèse ou d’avoir des activités qui représentent des « plus-values scientifiques » (article, visibilité) en sachant que beaucoup de directrices et directeurs de thèse considèrent les activités hors recherche comme de la « perte de temps » puisqu’ils ne sont pas reconnus pour se faire recruter comme chercheur (CNU).

 

Au niveau du mode de vie doctoral, il faut faire la distinction entre les doctorant.e.s en sciences dites « humaines » et les doctorant.e.s en sciences dites « dures » :

 

– Les doctorant.e.s en sciences dites « humaines » peuvent avoir beaucoup de disponibilités (hormis quelques heures de cours et quelques responsabilités administratives pour ceux qui ont un contrat de recherche ; ceux qui s’autofinancent n’étaient pas présent à l’atelier) mais ils doivent quand même garder contact avec leurs collègues de l’université en journée s’ils veulent continuer à travailler dans la recherche et l’enseignement par la suite.

– Les doctorant.e.s en sciences dites « dures » restent toute la journée dans leur laboratoire où ils sont plutôt bien socialisés (mais avec des personnels variés avec différents âges, différentes fonctions…). C’est compliqué pour eux d’en sortir sauf en cas de formation, de colloque, de stage (comme Anne Vicente à Crois/Sens). Il en est autrement à partir de 19h ou 20h où ils sont beaucoup plus ouverts à des rencontres, des événements, des actions jusqu’à 23h voire minuit (C’est l’heure où nous nous sommes quitté place Stanislas après notre atelier) et sans doute le week-end car ils sont stabilisés géographiquement pendant la thèse (sauf les doctorant.e.s très internationaux qui voyagent en permanence) et ne reviennent pas chez leurs parents comme lorsqu’ils étaient plus jeunes. Il s’agit pour eux de rencontrer d’autres personnes dans des objectifs amicaux, amoureux ou professionnels.

 

Pour intéresser les doctorant.e.s à un logement spécialisé pour bien-vivre doctoral, il y a des critères importants à prendre en compte :

 

– L’âge :

Il y a une tension entre une mentalité d’étudiants/jeunes et une mentalité de jeune adulte/jeune adulte/doctorant.e/docteur.e. Les doctorant.e.s en sciences « humaines » sont plus âgés que les doctorant.e.s en sciences « dures » car ils commencent plus tard et finissent plus tard leurs thèses. On peut distinguer, par exemple, entre les 23-24 ans et les 28-30 ans, voire beaucoup plus. Plus les doctorants sont âgés, plus ils prennent de l’autonomie par rapport aux étudiants car ils deviennent leurs encadrants et ont un autre mode vie. Ils ont un mode vie plus sérieux (selon un doctorant en droit). Le mode vie « maison de chercheur » fait peur car les doctorant.e.s pensent automatiquement à « Maison d’étudiant » (un doctorant en droit a peur d’« une cité de doctorants »). Il y a une tension entre besoin de socialisation à l’intérieur (pour rester proche du laboratoire, de l’école doctorale, de l’université) et à l’extérieur (pour trouver un emploi ailleurs par exemple) du monde de la recherche. Il y a aussi une tension entre besoin de socialisation (particulièrement important pour les plus jeunes) et besoin d’autonomie et de bien-être (particulièrement important pour les plus âgés).

 

– La vie privée intime :

Le fait d’être en couple a pour effet de prendre de l’autonomie par rapport à l’université et la recherche (selon la doctorante en sciences agronomiques et un doctorant en droit). Elle pousse aussi à chercher un logement avec davantage d’espace (70m2 selon un doctorant en droit). Les célibataires veulent aussi avoir la possibilité d’inviter leurs amis. Mais à voir si ça peut être dans les parties communes (selon le doctorant en géosciences).

 

– La langue :

Les étrangers (Asie, Amérique du Sud…) sont dans des situations compliquées à cause de la langue et des difficultés administratives et économiques. La recherche leur permet de se débrouiller sans parler le français dans certaines disciplines où la maitrise de l’anglais suffit, mais c’est un problème pour se socialiser. Ils se retrouvent vite à l’écart s‘ils n’apprennent pas vite la langue française.

 

– Le revenu :

Les sources de revenu sont très variables (de 600 à 3000 euros) et risquent de baisser avec le projet d’augmentation des frais d’inscription pour les étudiant.e.s étranger.ère.s extra-européen.nes. Ce sont notamment les doctorant.e.s maghrébins et subsahariens qui ont le moins de revenu et qui doivent parfois trouver un emploi en plus du contrat ou de la bourse de recherche de leur gouvernement. Ce sont eux qui doivent aller dans les résidences universitaires. Ils n’ont pas de problème de langue, mais un problème de socialisation socio-économique. 60% des doctorants en droit sont étrangers selon un doctorant en droit. Les doctorant.e.s ne savent comment se situer par rapport à la CAF (Caisse d’allocations familiales) : étudiant ou chercheur ce qui a des conséquences économiques. Les doctorant.e.s semblent peu dépensiers. Un doctorant en droit a proposé que le contrat doctoral de recherche prenne en compte le loyer (comme chez les postiers, enseignants…).

 

Deux types de population sont susceptibles de s’intéresser à ce type de logement :

 

– Les doctorant.e.s et docteur.e.s étrangers qui ont des niveaux de revenu faibles.

– Les doctorant.e.s et docteur.e.s qui veulent changer de vie : mieux vivre, collaboratif, collectif, bio.

 

Un logement pour le bien-vivre doctoral doit avoir certaines caractéristiques :

 

– Taille importante si couple, moins pour les célibataires

– Un lieu globalement calme. Il ne faut pas des fêtes étudiantes dans la salle à côté !

– Un bureau : il arrive régulièrement que les doctorant.e.s travaillent assez tard dans la nuit !

– Accès à internet : inimaginable de ne pas l’avoir compte-tenu de l’économie de la connaissance.

– Mise en commun possible entre les résidents : laverie, sanitaire, voire cuisine

 

Un tiers lieux pour le bien-vivre doctoral peut intéresser beaucoup de chercheurs.euses mais à certaines conditions :

 

– A partir de 19h pour les doctorant.e.s en sciences dites « dures ».

– Toute la journée et en soirée pour les doctorant.e.s en sciences dites « humaines ».

– Il faut que le lieu soit accessible en transport en commun. Lors de l’atelier, 4 voitures ont été utilisées pour 10 personnes présentes.

– Certains doctorants pensent qu’une bibliothèque pour les doctorant.e.s en sciences « humaines », mais c’est la connectique et le numérique qui sont avant tout nécessaires.

– Le lieu doit être un lieu de travail avant tout, donc il doit être assez calme.

– Le lieu doit avoir plusieurs fonctions et utilités : rencontre, médiation, événements…

 

Nous avons fait des ateliers sur d’autres sujets. Nous en rendrons compte bientôt.

 

Références :

BRENGUIER Agathe et MOREL Camille, « Expérimentation innovante en matière de santé et nutrition à Mirecourt », bien-vivre-maintenant.fr, 19 novembre 2018, https://bien-vivre-maintenant.fr/territoires/grand-est/mirecourt/experimentation-innovante/

 

DELEANT Laura, VICENTE Anne, ALLARD-HUVER François, « Pint of Science : quelques gorgées de science pour tous », theconversation.com, 10 octobre 2018, https://theconversation.com/pint-of-science-quelques-gorgees-de-science-pour-tous-103260

 

MOREL Camille, « Manger bio réduit les risques de cancer ! » bien-vivre-maintenant.fr, 23 novembre 2018, https://bien-vivre-maintenant.fr/non-classe/manger-bio-cancer/

 

POULAIN Sebastien, « Apéro-dinatoire brainstorming doctoral à l’Université de Lorraine ! », docdoorblog.wordpress.com, 16 avril 2018, https://docdoorblog.wordpress.com/2018/04/16/apero-dinatoire-brainstorming-doctoral-a-luniversite-de-lorraine/

 

POULAIN Sebastien, Doc’Door, la maison du doctorat devrait bientôt ouvrir ses portes, Cartes sur tables, 8/12/16, http://www.cartes-sur-table.fr/pour-une-maison-du-doctorat/ et http://cartes-sur-table.fr/wp-content/uploads/2016/12/CST_Pour-une-maison-du-doctorat.pdf

 

POULAIN Sebastien, Doc’Door à Paris ! Document de travail pour une collaboration entre la Ville de Paris et Doc’Door, la maison du doctorat, Ville de Paris, Service de la Création, de l’Innovation, de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, 16/02/2017, https://fr.slideshare.net/SebastienPoulain/docdoor-paris

 

POULAIN Sebastien, « Le gouvernement français doit faire honneur aux étudiant.e.s, doctorant.e.s et docteur.e.s étranger.ère.s », Doctrix, 28/11/2018, http://blog.educpros.fr/doctrix/2018/11/28/inscriptions-doctorants-etrangers/

 

Dr Sebastien Poulain

Chargé de recherche Crois/Sens

Manger bio réduit les risques de cancer !

Manger bio !

Dans un précédent message, nous faisions déjà référence aux résultats de cette étude. D’après Le Monde, cette étude « indique que les plus gros consommateurs d’alimentation issue de l’agriculture biologique ont un risque de cancer réduit de 25 %, par rapport à ceux qui en consomment le moins. « Pour expliquer ces résultats, l’hypothèse de la présence de résidus de pesticides synthétiques bien plus fréquente et à des doses plus élevées dans les aliments issus de l’agriculture conventionnelle comparés aux aliments bio est la plus probable », indique Emmanuelle Kesse-Guyot, chercheuse (Institut national de la recherche agronomique, INRA) dans l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm, INRA, université Paris-XIII) et coauteure de ces travaux ».

Ayant moi-même fait partie de la cohorte des « nutrinautes » depuis 2009, je peux témoigner du protocole d’enquête : des questionnaires administrés plusieurs fois par an sur l’alimentation, l’activité physique, les évènements de santé et les maladies, mais aussi le stress, le sommeil, les addictions (alcool, tabac), les habitudes de vie (travail, sédentarité, …). Trois jours par an, chaque nutrinaute doit rapporter sa consommation quotidienne de nourriture et de boisson de manière très détaillée : quantité, recette, origine (fait maison, bio, restauration collective…). Des questions sur les antécédents et les maladies dont souffrent les parents et frères et sœurs sont également posées.

La plateforme, qui s’est améliorée d’années en années, est à présent très graphique, ergonomique et pédagogique ce qui rend la réponse aux questionnaires presque ludique. Tout le monde peut contribuer à approfondir cette étude en devenant nutrinaute sans nécessiter aucun pré-requis : https://www.etude-nutrinet-sante.fr/. Le protocole d’enquête est donc entièrement basée sur un recueil participatif de données auprès de citoyens volontaires et traités ensuite par des spécialistes en santé, qui font ensemble avancer la science !

 

Camille Morel

 

Références :

 

« L’alimentation bio réduit significativement les risques de cancer », https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/10/22/l-alimentation-bio-reduit-significativement-les-risques-de-cancer_5372971_3244.html?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Twitter?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Twitter?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Twitter

 

« Manger bio réduit vraiment de 25% le risque d’avoir un cancer », https://www.laprovence.com/article/politique/5210774/manger-bio-reduit-vraiment-de-25-le-risque-davoir-un-cancer.html

 

https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6460517561699311616

 

BRENGUIER Agathe et MOREL Camille, « Expérimentation innovante en matière de santé et nutrition à Mirecourt », bien-vivre-maintenant.fr, 19 novembre 2018, https://bien-vivre-maintenant.fr/territoires/grand-est/mirecourt/experimentation-innovante/

 

MOREL Camille, « Des réunions publiques pour préparer le festival Utopic & Co », bien-vivre-maintenant.fr, 2 novembre 2018, https://bien-vivre-maintenant.fr/non-classe/reunions-publiques-utopic/

 

Soutenance de Thèse de Pauline Bendjebbar le 9 novembre à 14h. Elle s’intitule « Vers un modèle bio africain ? Trajectoires comparées d’institutionnalisation de l’agriculture biologique au Bénin et en Ouganda. » menée sous la direction d’Ève Fouilleux : Université Paris-Est Marne-la-Vallée, Cité Descartes, bâtiment Albert Camus, 2 allée Jean Renoir, 93 160 Noisy-Le-Grand dans la salle de réunion 109 (1er étage). http://umr-lisis.fr/actualites/evenement/soutenance-these-pauline-bendjebbar-institutionnalisation-de-lagriculture-biologique-en-afrique/

Soutenance de Thèse de thèse de géographie, intitulée : « Les révolutions silencieuses des oasis du sud tunisien. Crise des modèles et réponses locales » menée sous la direction d’Alia Gana : mercredi 14 novembre à 10 h, à PARIS, 5ème, au Centre Panthéon, 12 place du Panthéon, salle 6. http://www.ladyss.com/soutenance-de-these-de-irene

Expérimentation innovante en matière de santé et nutrition à Mirecourt

Institut du Beau Joly : Expérimentation innovante à Mirecourt
Institut du Beau Joly

Expérimentation innovante à Mirecourt

 

Contexte de l’expérimentation innovante

 

Le territoire de Mirecourt, petite ville de 5 000 habitants située dans la plaine des Vosges, est le territoire pilote d’expériences inédites en matière de mobilisation citoyenne, notamment autour des thématiques agriculture – alimentation – santé.

 

Parmi ces initiatives, une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) a été créée en 2017 suite aux débats qui avaient eu lieu l’année précédente au café UtopiC’ de Mirecourt, un café associatif et participatif. Ce café et les différentes activités qui y sont organisés par les bénévoles ont en effet permis la rencontre entre acteurs et la mise en valeur de leurs projets à destination du territoire. La SCIC a donc été co-imaginée dans le but de construire une gouvernance nouvelle pour ces projets en leur donnant un cadre d’action globale dans lequel pourrait s’intégrer des financeurs publics et privés. L’objectif poursuivi est d’apporter du bien-vivre rapidement et concrètement à tous les habitants du territoire. Aujourd’hui, elle compte parmi ses actionnaires la Mairie de Mirecourt, les associations Le Café Utopic’, La Vie Ensemble et La Bouée, la SAS Crois/Sens et M. Gilles Caretti, Directeur de l’Institut Médical du Beau Joly.

 

Cette dynamique collective a été inspirée par l’expérimentation menée dès 2009 par M. Gilles CARETTI, Directeur de l’Institut du Beau Joly, institut médico-social qui regroupe trois structures accueillant environ 70 enfants par an ayant des troubles du comportement avec et sans déficience, ainsi que des enfants autistes.

 

 

L’expérimentation à l’Institut du Beau-Joly

 

L’Institut du Beau Joly a mis en place depuis 2009 une méthode globale d’amélioration de la santé, des liens sociaux et des capacités d’attention basée sur la nutrition, et plus largement sur les préceptes de la naturopathie. Il est reconnu établissement pilote en matière de nutrition par l’ARS Grand Est depuis 2013​.

 

Pour mener à bien cette expérimentation innovante, plusieurs membres du personnel ont été formés à la micronutrition, et des partenariats avec des producteurs locaux ont été établis afin de produire 180 repas à haute valeur nutritionnelle via la cuisine collective.

 

Il a été décidé, grâce à un accord avec le laboratoire Nutergia, d’utiliser les bilans Iomet, qui prennent la forme d’un questionnaire de 81 champs afin de préciser les terrains nutritionnels des enfants. Ainsi, 100% des enfants bilantés ont montré des signes d’une carence en AGPI (acides gras), et 75% de troubles basocolitiques. Il a par conséquent été décidé de corriger les terrains B et C en premier lieu, sur place via la cantine de l’Institut, et dans leurs familles grâce à de la sensibilisation.

 

Chaque enfant est bilanté en moyenne tous les six mois, ce qui représente une base de données de plus de 1 600 bilans réalisés depuis 2009.

 

 

Les améliorations constatées depuis 2009

 

Des améliorations de la santé des enfants pris en charge ont été mises en évidence depuis 2009, avec :

  • Des bilans IoMET en amélioration constante (index améliorés, retour à la norme sur les différents champs) ;
  • Une réorientation des enfants de l’ITEP (Institut thérapeutique éducatif et pédagogique) vers un cursus scolaire traditionnel au bout de 3 ans, contre 4 ans en moyenne dans les établissements similaires ;
  • Des progrès en capacité d’attention et de concentration, qui ont permis une prise en charge et un accompagnement optimisé par les équipes médico-sociales.

 

Une première estimation des économies réalisées par la Sécurité Sociale grâce à ce dispositif a également été réalisée, à l’échelle de l’ITEP. Il s’agirait d’une économie de 1 500 000 euros par cohorte de 30 enfants tous les trois ans, grâce à la diminution de la durée moyenne de séjour à l’Institut du Beau-Joly de 4 à 3 ans (coût de fonctionnement de l’Institut du Beau Joly par enfant et par jour : environ 250 euros ; nombre de jours de présence par an : 198).

 

 

Les suites de l’expérimentation innovante

 

Suite à ces premiers résultats concluants à l’Institut du Beau-Joly, le dispositif expérimental s’est étendu au lycée agricole de Mirecourt. Plus de 200 élèves ont déjà réalisé un bilan IoMet, et un travail est effectué en lien avec les cuisiniers pour les former à la micro-nutrition.

 

La SCIC Citéomix Mirecourt souhaite diffuser plus largement la sensibilisation aux bonnes pratiques alimentaires et sportives. Pour mener à bien son ambition, elle a créé en partenariat avec Crois/sens le métier d’« Entrepreneur du Bien-Vivre », qui s’appuie sur une double formation en animation du territoire et en naturopathie (formation certifiante en naturopathie au CFPPAF des Vosges qui sera ouverte dès la rentrée 2018). Ces nouvelles ressources seront spécialisées dans l’accompagnement des citoyens dans l’évolution de leurs modes de vie et de leurs habitudes alimentaires, sportives, etc. Elles ont notamment participé à l’organisation d’un festival citoyen autour des thématiques du bien-vivre du 4 au 8 juillet 2018, qui a permis de sensibiliser les habitants sur le territoire.

 

L’objectif est à présent d’approfondir l’analyse des résultats de l’expérimentation innovante, grâce à des partenariats avec des acteurs scientifiques et des laboratoires, afin de modéliser un modèle qui pourra être déployé sur d’autres territoires.

 

Agathe Brenguier et Camille Morel

 

Référence :

MOREL Camille, « Des réunions publiques pour préparer le festival Utopic & Co », bien-vivre-maintenant.fr, 2 novembre 2018, https://bien-vivre-maintenant.fr/non-classe/reunions-publiques-utopic/

Site internet de Institut du Beau Joly : http://www.institut-beaujoly.fr/

Des réunions publiques pour préparer le festival Utopic & Co

Des réunions publiques !

Pour préparer l’organisation du festival qui se voulait participatif et citoyen, les Entrepreneuses du Bien Vivre ont organisé plusieurs réunions publiques pour informer, faire adhérer et faire contribuer les Mirecurtiens au projet. Leur rôle s’est avéré central dans l’organisation et l’animation de ces réunions publiques.

 

  • La 1ère réunion publique a eu lieu le 5 avril 2018 au Café Utopic. Elle a réuni une trentaine de citoyens, acteurs et élus locaux et permis de donner envie aux personnes de s’impliquer dans sa conception. La présentation de la démarche artistique participative et de la scénographie imaginée a permis aux participants de se projeter et d’imaginer ensemble le festival. Ils ont ensuite eu l’occasion d’échanger et de mettre en avant leurs idées, mêmes les plus utopistes grâce à une animation appelée « Les 6 chapeaux » qui incitait chacun à réfléchir selon différents modes de pensée, mais en les explorant un à un. De là est née une clarification de ce qui animait les participants dans la réalisation de ce festival (convivialité, partage, rencontre, échange, (re)découverte de Mirecourt et ses environs, co-construction, ouverture à tous, mise en valeur des patrimoines…). Cela a également permis d’identifier des points de vigilance pour assurer sa réussite : météo, sécurité, mobilisation des participants nécessitant une communication efficace, ne pas vouloir trop en faire au risque de se perdre dans l’organisation… . Enfin, beaucoup d’idées d’activités ont été proposées dont certaines se sont concrétisées par la suite : atelier cuisine avec dégustation en pleine conscience, parcours sportifs sur et autour du Madon, concerts sur une scène flottante, jeu de piste des patrimoines, toboggans sur les escaliers, crieurs de poèmes, hamacs où lire ou se détendre en écoutant des contes…

 

  • La 2ème réunion publique s’est tenue le 18 avril 2018 à la salle municipale de la Bonbonnière, avec une trentaine de participants pour moitié différents de ceux présents à la première réunion. L’objectif était de définir les activités à mettre au programme des 5 jours de festival, d’identifier les porteurs de ces activités et leurs besoins (lieu, matériel, compagnons d’activité, logistique…), ainsi que de faire un premier appel à bonnes volontés pour l’organisation de l’événement dans sa globalité. Les idées sorties de la réunion précédente ont été regroupées en 4 thématiques :

 

 

  • ÊTRE EN FORME (sport, jeu, détente)
  • ALIMENTATION/AGRICULTURE/REPAS FESTIFS
  • SANTE/BIEN ÊTRE
  • (RE)DECOUVRIR MIRECOURT/SPECTACLES (valorisation des patrimoines, animation des lieux)

 

Chaque participant était invité à rejoindre un groupe thématique pour suggérer ses activités et réfléchir collectivement à la manière de les réaliser ou encore proposer son aide en amont et durant le festival sur une ou plusieurs thématiques. Une quinzaine d’activités portées par les habitants de Mirecourt et de la communauté de communes ont ainsi émergé. Des rencontres avec chaque porteur d’activité ont suivi pour avancer ensemble sur les projets. Certaines ont fait naître de nouvelles activités et porteurs de projet qui sont venus étoffer la programmation jusqu’au début du mois de juillet.

 

  • La 3ème réunion publique a eu lieu le 26 juin 2018 à la salle de La Bonbonnière en présence d’une quarantaine de personnes dont une bonne partie de porteurs d’activités non présents aux réunions précédentes. Ce dernier rendez-vous une semaine avant le festival avait pour but de permettre à chacun de s’approprier le programme, de faire un appel à bénévoles et matériel pour l’organisation, ainsi que diffuser la communication du festival (programme, affiche, flyers pour la scène ouverte et les derniers ateliers Festiv’art).

 

Ces réunions ont permis de co-construire le festival, de le faire connaitre, et de permettre à une grande diversité de citoyens d’y participer. Elles ont démontré l’intérêt des habitants pour ce type initiative et leur désir de s’impliquer, elles sont donc essentielles pour la construction du prochain festival. L’idéal serait de les multiplier en amont du festival afin de mieux intégrer les citoyens à la démarche, voire qu’ils les organisent eux-mêmes afin d’en faire un festival complètement participatif. Après une première édition qui expérimentait le format, les citoyens et porteurs de projet peuvent se mobiliser pour le faire évoluer selon leurs attentes. Les réunions publiques sont le premier lieu de débat et de mobilisation, elles sont l’occasion de favoriser la prise en main citoyenne pour une prochaine édition. Enfin, bien communiquer sur le lieu et les horaires de réunion -en s’assurant qu’ils permettent à tous ceux qui le veulent d’y assister- rendra ces réunions encore plus « publiques » !

 

A noter : la réunion de restitution et bilan du festival Utopic&Co est prévue à Mirecourt le 5 novembre 2018

 

Références :

DESFORGES Marc, « Qui est l’entrepreneur du Bien-Vivre? », crois-sens.org, 30/05/2018, http://crois-sens.org/2018/05/30/qui-est-lentrepreneur-du-bien-vivre/ et http://crois-sens.org/wp-content/uploads/2018/05/Tribune-Entrepreneur-du-Bien-Vivre.pdf

 

BRENGUIER Agathe, « Le Festival Utopic & Co 2018 célèbre sur le bien-vivre sur le territoire de Mirecourt(-Dompaire) et ses alentours », crois-sens.org, 5 octobre 2018, http://crois-sens.org/2018/10/05/le-festival-utopic-co-2018-celebre-sur-le-bien-vivre-sur-le-territoire-de-mirecourt-dompaire-et-ses-alentours/

Plus d’infos sur les réunions publiques UtopiC et autres bientôt ici : https://bien-vivre-maintenant.fr

 

Camille Morel

Chargée de recherche chez Crois-sens